Enquête SSCT
Experts & Consultants
La Commission Santé, Sécurité et Conditions de Travail a rendu, le 18 mars dernier, ses conclusions sur l’enquête menée au sein de la division Services Professionnels de BIS.
Rappelons que cette enquête s’est déroulée du 26 octobre au 9 novembre 2020 suite au mandatement par le CSE de la CSSCT. Cette enquête s’appuie notamment sur des entretiens individuels, les données relatives à l’absentéisme, un des principaux baromètres sur la santé au travail, et les résultats du sondage « YOUR VOICE ». L’enquête devait mesurer le niveau d’exposition aux risques psycho-sociaux (RPS) dans ce service.
L’enquête révèle que le taux d’absentéisme est deux fois plus important pour cette catégorie de collaborateurs que pour le reste des salariés CANON. Par ailleurs, les Experts projets BIS sont nettement plus touchés par de longs arrêts que les autres collaborateurs du service.
De plus, ces absences perturbent le fonctionnement et dégradent les conditions de travail des autres salariés ; cercle vicieux. Cependant, c’est d’abord et surtout le manque d’effectifs qui plombe les conditions de travail et fragilisent l’organisation. Pourtant, le préventeur ne voit pas le service lui-même comme étant la cause de l’absentéisme, il sous-entend donc qu’il y aurait d’autres causes, extérieures au travail !
Les résultats de YOUR VOICE ont, quant à eux, révélé que le collectif de travail est important pour cette population et qu’ils ressentent une certaine fierté à travailler chez CANON. En revanche, ces collaborateurs estiment que l’attention de CANON n’est pas suffisamment orientée vers ses clients (Customer focus).
Si les relations avec le management sont bonnes et entrent dans la moyenne de CANON France avec une progression des « pratiques éthiques », le développement personnel, tant sur l’évolution de carrière que sur la formation, n’est pas satisfaisante en 2020.
Pourtant, l’enquête montre que ces collaborateurs sont malgré tout, fortement impliqués dans leur travail. Tellement impliqués que la problématique vie pro/vie perso semble difficile à concilier, pour certains d’entre eux, car le travail déborde sur la vie privée, s’invite le weekend voire même pendant les congés, pour permettre à certains de compenser la surcharge de travail.
La charge est telle que les collaborateurs ont également l’impression de ne plus pouvoir fournir un travail de qualité, ce qui entre en conflit avec leurs valeurs profondes.
Ils ont également du mal à se projeter dans l’avenir de façon sereine car la France est la seule NSO à avoir conservé leurs postes ; ils expriment une réelle crainte en l’avenir et des inquiétudes quant à leur capacité à absorber toujours plus de compétences et de qualifications dans le cadre d’une évolution professionnelle.
Il faut préciser que les effectifs ont fondu brutalement sur les 3 ans qui viennent de s’écouler et l’obligation de travailler le weekend pour rattraper le retard n’est ni satisfaisant ni la norme. Dans ce contexte, comment avoir une vision claire et sereine de son avenir professionnel ?
Certains salariés se sentent également isolés à cause d’une répartition géographique dispersée ; le travail à distance venant encore intensifier ce sentiment. Ils estiment que leurs difficultés ne sont pas prises en compte par l’entreprise.
L’enquête conclue que certains collaborateurs de ce département sont clairement exposés à des RPS, plus particulièrement les Experts Projets, et que les conséquences sont visibles. La charge de travail et le nombre de projets ne sont pas en adéquation avec l’effectif. Les départs n’ont pas été compensés et l’implémentation de l’outil KIMBLE, outil de report des heures de travail qui n’est pas adapté à l’activité, a accentué les contraintes.
KIMBLE est un outil destiné à justifier des heures de travail facturées aux clients mais qui ne tient pas compte du temps de travail nécessaire aux experts projets pour effectuer leurs taches. Il est subi comme un outil de comptabilisation du temps de travail par les collaborateurs concernés. Il les oblige à empiéter sur leur vie privée pour terminer leurs projets professionnels dans le nombre d’heures facturées au client, et délimitées par KIMBLE.
Combien d’heures passent ainsi inaperçues et sont travaillées par les Experts ou Consultants sans être rémunérées ? Combien d’heures de « travail dissimulé » sont ainsi produites par ce système ? Et CANON estime que c’est le collaborateur qui est défaillant si la commande n’est pas rendue dans les temps ! Un comble !
Les membres de la CSSCT ont conclu que le rapport produit par le préventeur est trop modéré et qu’il ne rend pas compte des situations gravissimes qu’ils ont constatées. Il ne retrace pas les conditions de travail anormales relevées, lors des entretiens, par les membres de la CSSCT qui sont restés sidérés par tant de souffrance exprimée. Ce rapport ne met pas en évidence la responsabilité des managers qui ne procèdent à aucune régulation et ne font preuve d’aucune empathie vis-à-vis de leurs subordonnés.
Pour autant, les préconisations du rapport ne semblent pas toutes aller dans le sens de la stratégie de CANON France à vouloir supprimer des postes, réduire les coûts et rationaliser les moyens. Les conclusions recommandent d’augmenter les ressources, de remplacer les absents, intégrer les Experts projet en amont dans la validation des projets, mieux former sur KIMBLE et mieux le paramétrer, externaliser des tâches, respecter les temps de connexions et organiser des réunions bimensuelles pour échanger sur les actions d’amélioration.
Vos élus CGT ne peuvent que soutenir ces recommandations et demander leur mise en application dans les plus brefs délais.